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170 ans à eux deux, socialistes et indignés

Ils n’ont pas internet, m’ont demandé de publier leur message, lisez plutôt…A bientôt, Lili.

 

Chers camarades, chers Jean Christophe et Harlem

 

Nous avons collé nos premières affiches socialistes en 1954. A l’époque, il fallait être sportifs…

Lorsque vous êtes nés, nous étions déjà militants et tellement fiers d’être de toutes les batailles. Nous avons suivi toutes les étapes, les péripéties  et les transformations de notre parti. Nous avons été fiers du congrès d’Epinay en 1971, lorsque le PS s’est élargi en intégrant d’autres forces politiques. Nous avons milité pour une action politique rassemblant la gauche et le programme commun de gouvernement avec, à l’époque, le parti communiste.

Notre joie fut immense lorsque François Mitterand fut premier secrétaire, porté par des milliers de militants. Nous fûmes transportés lorsqu’il accéda aux responsabilités suprêmes en1981.

En 2002, nous avons voté Jacques Chirac pour éviter que le Front national n’accède au pouvoir ;  mais vous pouvez imaginer que cela fut très difficile pour nous, socialistes jusqu’à la pointe de nos cheveux (qui commençaient déjà à tomber). Nous ne recommencerons pas.

Nous avons porté Ségolène jusqu’au dernier jour de la campagne de  2007, et nous fûmes anéantis par l’arrivée de la droite au pouvoir.

Aussi, lorsque FH fut Le candidat désigné par les militants, nous avons balayé tous les clivages des motions afin de le soutenir.

Nous avons 85 ans - soit 170 ans à nous 2 -  mais nous avons fait des centaines de kms pour le voir, l’entendre, le reconnaître et fûmes comblés de son arrivée à la présidence de la république.

Contre vents et marées, nous le soutenons depuis son élection ; la question ne se pose pas pour nous de savoir s’il commet des fautes ou pas. La plus grosse erreur serait, selon nous, la division de ses forces qui affaiblirait notre pouvoir et ferait revenir la droite en 2017.

Depuis quelques mois nous sommes sidérés de voir ce qu’est devenu notre parti.

Harlem, tu fus nommé au mépris du vote démocratique et tu fus remarquable par ton absence. Ton manque de sens politique, tes errances dans les dossiers ont fabriqué des remous jusqu’aux fédérations et pour nous jusque dans les sections.

Le parti socialiste, celui que nous avons tant aimé, n’existe plus. Nous sommes des orphelins du parti, des oubliés des fédérations et des représentants locaux.

Depuis quelques semaines nous ne pouvons pas nous nourrir de messages de notre famille politique, car, Harlem, tu fus muet, inaudible par nous tous et ce silence s’est propagé jusqu’aux plus humbles sections.

Ta nomination au gouvernement est insupportable. Que cela te fut proposé, nous n’avons aucun doute, mais que tu l’acceptes est ahurissant, car tu dénatures la fonction et tu balayes notre dignité.

Quant à toi, camarade Jean Christophe, nous attendons de toi un acte démocratique fort : un nouveau congrès permettant de balayer ce passé qui nous colle à la peau, pour faire émerger de nouveaux talents. Tout atermoiement ou faux fuyant serait pour nous mépris ou insulte.

A notre âge, nous ne savons pas ce que sera demain, nous voudrions juste que vous entendiez notre message, un ultime rempart de deux instituteurs à la retraite, face à l’immobilisme d’un parti devenu ingérable, faute de remise en cause d’une démocratie représentative mal gérée ou souvent même négligée.

Nous sommes depuis quelques jours des indignés du Parti Socialiste, abandonnés par un socialisme devenu muet, par commodités, laxismes, ou ce qui serait pire, par négligence de son idéal démocratique.

Reprenez-vous ! Pensez à François Mitterrand et regardez ce que vous faites de son héritage, de sa définition du socialisme reprise des plus grands penseurs : « le socialisme, c’est la socialisation de l’Avenir, du Pouvoir et du Savoir ». Raccourci, à la fois révolutionnaire et irrévocable, qu’il suffit de décortiquer à nouveau, pour ne rien oublier de nos valeurs.

Jean et Paulette, instituteurs à la retraite.

22 avril 2014

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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